Avis de tempête, Susan Fletcher, J’ai Lu, 407 pages, 2009 (Oystercatchers)

4ème de couv :

Avis de tempête Moïra se rend tous les jours au chevet de sa soeur cadette, qu’une chute, cinq ans auparavant, a plongée dans le coma. Année après année, la lassitude gagne Moïra, qui ne se pardonne pas d’avoir été une soeur lointaine. Comme pour rattraper le temps perdu, elle retrace devant la jeune fille inconsciente son existence de fille sauvage et revêche, sensible pourtant, une vraie «fille de la mer» et des vents glacés des Cornouailles.

« Un deuxième roman inspiré, balayé par les embruns, noyé dans les brumes du souvenir. » Le nouvel observateur

Mon avis :

Depuis mon énorme coup de coeur avec Un bûcher sous la neige, 3ème roman de la même jeune romancière, je n’attendais qu’une chose, attaquer ce 2nd roman (oui, oui, je sais, je fais les choses dans le désordre, et terminerai sans doute par le 1er, lequel avait été primé par les prestigieux Whitbread First Novel Award et le Betty Trask Prize.)

Bref, voici chose faite grâce à Loesha, qui m’a fait parvenir cet ouvrage dans le cadre du swap « So british », ce qui a provoqué en moi d’irrésistibles gloussements de ravissement à l’ouverture du colis (revivez cet intense moment ICI). MERCI MERCI MERCI ! J’étais d’ailleurs bien embêtée en réalisant que ma douce bibliothécaire avait, dans le même temps, commandé cet ouvrage, que je réclamais à corps et à cris…

Enfin, venons-en à mon avis proprement dit.

Voilà un texte empreint de mélancolie, émouvant, plein de tact, malgré une héroïne qui n’a rien d’une héroïne : bancale, décalée, surdouée, maigrichonne, et associale. Elle relate sa vie à sa soeur endormie, à qui elle dévoile son amour bien tardivement, éprouvant tant de culpabilité à l’avoir si longtemps rejettée : se sentant trahie par ses parents au moment de la naissance de cette petite dernière, elle l’a toujours profondément jalousée. Bénéficiant d’une bourse, elle part en internat, lui permettant de fuir les siens. Rejettée par ses camarades, elle se plonge dans les sciences à la bibliothèque, se rassure dans une profonde solitude. Elle vivra ensuite une vie de femme à laquelle elle n’était pas destinée, et en fera la narration à sa soeur commateuse.

Voilà une écriture pointue, mais d’une certaine tristesse (ou sagesse ?), où les dernières pages sont particulièrement belles. Les passages durs sont vite balayés, en quelques lignes d’autant plus puissantes. Le lecteur en prend plein les sens : la vue, l’odorat, le toucher, tout y passe. Les descriptions des paysages venteux du Pays de Galle sont à couper le souffle.

Si j’ai beaucoup apprécié cette lecture, je ne la recommanderai pas à tous ; certaines parties (surtout la seconde), peuvent renvoyer le lecteur, selon son expérience, à des sentiments délicats.

Quoi qu’il en soit, j’avoue sur ce coup-ci avoir des difficultés à rédiger cette chronique (difficile de faire part d’un texte aussi puissant…). Faites-vous donc votre opinion et partagez-la avec moi !

Quelques citations pour vous donner l’ambiance :

Et maintenant ? Ai-je gardé l’espérance ? L’espoir que tu retrouves ta vie d’avant ? Peut-être. Mais l’espoir, c’est comme tout. Il perd de sa fraîcheur, de son velouté, il se racornit.

La mère, qui avait survécu à l’accident, même si elle avait perdu ses jambes – du moins leur usage. Elle aurait pu tenter se de rééduquer, mais elle avait choisi de ne pas le faire, on la poussait maintenant dans la vie en fauteuil roulant, disait Ray.

C’était Pâques. Je m’en souviens. Car de Stackpole avait été apporté dans le train un sachet d’oeufs en chocolat, et sur le panneau d’affichage de l’église en haut de la rue, on pouvait lire Il est ressuscité. « Encore ! » avait dit Amy, en soupirant. Et secouant la tête : « Est-ce qu’Il n’est pas déjà ressuscité ? ».

Les rêves, Amy. Les rêves que j’ai faits, au cours de ces quelques semaines. Til n’avait pas tort. On n’échappe pas aux rêves, on ne peut pas les laisser sur les draps de son lit quand n se réveille. On peut essayer. Mais ils vous suivent à pas feutrés. Ils respirent, et vous le sentez. Et cela fait peur, ma petite chérie. Ils ne contiennent ni baume ni douceur. Les rêves, si inoffensifs qu’ils paraissent, donnent un sentiment de malaise, quand on se les remémore. On se retourne pour les voir. On en sent les abîmes.

Un mensonge comme celui-là. Crois-tu que je ne me rende pas compte des dimensions d’un tel acte, et de ceux qui allaient suivre ? On peut savoir ce qui est mal et le faire quand même. Voilà une vérité bonne à apprendre.

Et puis je voulais te dire une chose, avant de repartir ce soir : je crois que le monde est tel que nous choisissons de le voir. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Au bout du compte, notre bonheur dépend de nous, et de personne d’autre. […] Mais je crois que si nous voulons nous rendre malheureux, nous y parvenons. Si nous voulons être seuls, nous le sommes, tôt ou tard.

Je me dis ceci, pour me réconforter : que tu as existé. Et que grâce à cela, il y aura toujours des traces de toi qui souffleront sur terre.

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La Princesse effacée, Alexandra de Broca, Points, 2011, 404 pages

ATTENTION, COUP DE COEUR !! A LIRE, OFFRIR ET CONSEILLER !

Quatrième de couv’ :

Marie-Thérèse, fille de Louis XVI, est en prison depuis trois ans. Elle ignore tout du sort de Marie-Antoinette, sa mère. Elle accueille avec un silence méprisant Renée, envoyée par la République pour adoucir sa peine. Peu à peu, une complicité se noue entre les deux femmes. Mais en pleine guerre civile, certains républicains voudraient éliminer la dernière des Capet, ultime symbole de la Royauté…

Alexandra de Broca est écrivain et scénariste. La Princesse effacée est son premier livre. C’est aussi le premier roman consacré à Marie-Thérèse de France, unique rescapée de la famille royale.

« Très documenté, mais en même temps porté par l’imagination, c’est un roman divertissant. Et touchant. » Sud Ouest

L’avis de votre bien dévouée :

Un ouvrage commençant par une si belle citation de Raymond Radiguet ne pouvait que m’inspirer : « Bonheur, je ne t’ai reconnu qu’au bruit que tu fis en partant ».

J’ai reçu ce livre dans le cadre d’un partenariat avec Livraddict, et Points, que je remercie VIVEMENT de m’avoir sélectionnée, car cette lecture fut un véritable délice.

Pour vous recadrer, j’ai une nette tendance à apprécier les romans historiques, et j’ai pas mal bouquiné sur la vie de Marie-Antoinette,  en me penchant non seulement sur sa vie, mais aussi sur la procédure inique qui l’a menée à l’échafaud. A cet égard, je vous recommande tout particulièrement la lecture des trois tomes (qui se dévorent à toute vitesse) de Paul Bellaiche Daninos, intitulés Les Soixante-Seize jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie.

Bref, venons-en à nos moutons. Ici, il ne s’agit pas de Marie-Antoinette (bien qu’elle soit largement évoquée), mais de sa fille, Marie-Thérèse, autrement appelée « Madame Royale » (« Mousseline » pour les intimes). Si les médias, les ouvrages, l’histoire  font souvent référence à Louis XVI, Marie-Antoinette, et au Dauphin, il faut reconnaître que, très injustement,  peu de place a jusque-là été laissée à la fille aînée du couple royal. Et pourtant : seule rescapée de la Révolution, cette enfant de la famille royale méritait largement que l’on s’intéresse à elle. Voici chose faite grâce à Alexandra de Broca, qui s’est attelée à la tâche avec beaucoup d’implication. Extrêmement documenté, ce roman (ou biographie ? –mais pas dans le sens académique du terme)  nous apprend tant à son sujet (sans vilain jeu de mot).

1795. Tout commence par la découverte de Renée Chantereine (le hasard fit qu’elle se nomma ainsi !), citoyenne de la République. Sollicitée par Barras, elle est mandatée pour se rendre dans le cachot de l’orpheline royale, afin d’adoucir sa peine. Jamais elle n’aurait pu se préparer à ce qu’elle allait découvrir : une enfant apeurée, muette, sale, dans une cellule sans lumière, pestilentielle, lugubre. La jeune fille ignore tout de la vie extérieure, jusqu’au sort réservé à sa mère, son frère, sa tante. Tous sont morts. Elle devra l’apprendre, sans sombrer dans la folie.

Après la méfiance, que Marie-Thérèse ne peut s’empêcher d’éprouver à l’égard de sa visiteuse, des liens de confiance vont peu à peu se tisser entre les deux femmes. Renée Chantereine pourra prendre soin de sa protégée, parvenir à la faire parler de nouveau, et notamment, écrire, sous sa dictée, la façon dont cette enfant a vécu le drame de sa famille.

Bouleversée par le sort de la « Citoyenne Capet », et par son constat (tous les hommes sont égaux, sauf les enfants royaux),  Chantereine, face à ces contradictions, exigera de la République de meilleures conditions de détention pour cette innocente  victime, condamnée en dépit des  principes énoncés dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Les fenêtres occultées seront ouvertes ; des vêtements propres acheminés, un nécessaire de toilette mis à disposition.

Poignante, émouvante, cette  narration m’a indignée. Comment une République a-t-elle pu infliger un tel traitement à une enfant ? Révoltant.

Les questionnements que soulèvent cet ouvrage imposent la réflexion : une fois libérée, comment l’héritière des Capet pourrait-elle aimer le  peuple français, après que ce dernier ait maltraité sa famille, l’ait humiliée, infligé les pires peines ? Comment se construire après une telle expérience de  la vie ? Comment ne pas haïr, comme l’avait prescrit son défunt père dans son testament ?

Affaiblie par cette vie qu’elle n’a pas choisi, mais d’une solidité étonnante, et d’une grande dignité, Marie-Thérèse force le respect.

Je reste admirative devant le travail de la romancière, qui nous livre ici une bien triste page de notre histoire, avec beaucoup de tact et de réalisme. Bravo à elle, d’autant qu’il s’agit de son premier roman.

Une découverte à partager. Un grand et beau moment. Un livre tourne-page et intelligent.

Citations marquantes :

« Les animaux ne me font pas peur ; les pires cruautés viennent des hommes. L’auriez-vous oublié ? »

« Mon seul guide est la nature et son sempiternel cycle de recommencement. Mes fils se devaient de vivre peu, comme certaines fleurs ! Ils m’ont enchanté longtemps, puis ils sont partis… Je suis le vieil arbre qui ne donne pas de fruits, mais qui protège les jeunes plantations alentour de l’ombre que je leur procure, jusqu’à ce qu’un arbre voisin, jeune et vigoureux, ne vienne un jour m’assécher à son tour ! »

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Juste avant, Fanny Saintenoy, Flammarion 2011, 120 pages

Quatrième de couv’ :

Voici un texte qui alterne poésie douce et drôlerie franche. Par la voix d’une très vieille dame sur son lit de mort, et par celle de son arrière-petite fille, une jeune femme que la vie moderne bouscule, cinq générations parlent. Face aux duretés de la vie, face à la mort qui sème la zizanie, leurs histoires transmettent une gaieté indéfectible. Un premier roman, un récit court qui traverse le siècle, réussite rare de vigueur et de simplicité.

L’avis de la publivore :

Il est peu fréquent que je saute sur les ouvrages de la rentrée littéraire. Cependant, comité de lecture oblige, on m’a fait part de l’existence de cette pépite susceptible d’attirer mon attention. Belle inspiration de ma « conseillère ès livres » 🙂

Ce court récit à double voix : les pensées de l’arrière-petite-fille qui rend visite à son aïeule résidente d’une maison de retraite,  m’a particulièrement bouleversée.

Et ce, d’autant que je suis personnellement active au sein d’une association (dont vous trouverez le lien PAR LÀ) qui organise des rencontres amicales entre bénévoles et personnes âgées et isolées.

Le vocabulaire oral, voire familier, qui me déplait d’ordinaire, donne ici à ce texte davantage de force et de profondeur.

Touchant et criant de vérité, la lectrice habituée des « petits vieux » ressent fortement l’expérience sincère de l’auteure. Je  partage tant avec elle. J’ai rarement noté tant de citations !

L’univers quasi carcéral des maisons de retraite y est brillamment relaté, ainsi que les états d’âmes de ces personnes qui y vieillissent, souvent seules.

De l’expérience de vie de cette centenaire, celle de la guerre, de la relation avec sa sœur et ses descendantes, des aléas du grand-âge, en passant par les difficultés éprouvées par la narratrice à pousser les portes de la maison de retraite, ou le choc des générations, chaque passage sonne juste.

Il s’agit là d’un véritable coup de cœur. Je ne sais pas si cette sensation s’explique par mon attachement tout particulier aux personnes âgées ou si, tout bêtement, la simplicité et la sobriété de ce roman doivent faire l’unanimité. Ceci dit, d’après les commentaires rapidement vus sur les blogs, mon sentiment est largement partagé !

Pour une lectrice qui n’apprécie guère les petits romans, j’ai pour ma part été bluffée. Une belle réussite, une réflexion en miroir sur la vie, très émouvante et paisible,  tout en évitant habilement le misérabilisme, sur un sujet pourtant difficile.

A découvrir.

Une sélection  de citations piochées par ci-par-là :

Du côté de l’arrière-petite-fille :

« Ma vieille pomme, dans le couloir, quand je venais te voir à la Madeleine, j’avais toujours l’appréhension d’en prendre un coup, il faut se gonfler un peu les épaules avant de pénétrer dans une maison de retraite, se faire une petite carapace de protection. Rien que l’odeur, et puis pousser la porte du service, on entrait dans un autre monde, celui de la désespérance. J’avançais lentement, la décrépitude impose le silence. Je jetais des coups d’œil à droite et à gauche, toutes les deux portes. Les vieilles dans leurs fauteuils, le fauteuil ou le lit, regards vides et perdus devant la télé allumée seulement pour faire du bruit, une pure tristesse de chien dans les yeux quand elles se tournaient pour me voir passer. Des bras secs et pendants au-dessus des couvertures miteuses, éventail d’odeurs âcres et fades. Un autre genre de couloir de la mort. Comme un film au ralenti, je vois ta silhouette tout au bout, frêle, accoudée à la barre, l’épaule qui traîne un peu le long du mur. Ton visage se transformait tout doucement, le temps que tu plisses les yeux plusieurs fois pour nous reconnaître. J’aimais que tu oublies toujours les dates de nos visites, comme ça tu avais l’air surpris, à chaque fois, c’était ma récompense. »

Du côté de son aïeule :

–       « Faut que ça serve au moins à se raconter des histoires, de devenir aussi vieux, à rebroder son destin […] Ca nous occupe, les très vieux, de refaire notre vie autrement. Différentes versions selon l’auditoire, l’ambiance ; aucune importance, d’être pris en flagrant délit d’incohérence, personne n’y fait attention puisque de toute façon « on perd la boule ». »

 –       «  Pendant des années, j’avais une copine à l’étage du dessous, Mme Garrigue, nous passions presque toutes nos journées ensemble. Elle est morte d’un seul coup, ça ne m’a rien fait, pas une larme, pas un regret, rien qu’un peu de dégoût devant son corps jauni. J’irai regarder « Tournez manège ! » chez une autre, voilà tout. Incroyable, l’indifférence des vieux pour les autres vieux. »

 –      « La maison de retraite, l’hôpital, et encore la maison de retraite, quelle fatigue ! Mais je ne suis pas pressée, faut du courage pour se dépêcher de mourir, je préfère encore m’ennuyer. J’ai souvent entendu des gens dire, du haut de leur grande jeunesse : « Si j’étais comme ça, je préférerais mourir. »
J’aimerais bien vous y voir, petits frimeurs ! Quand le moment est venu, on s’emballe beaucoup moins. On se dit, finalement je ne suis pas si mal que ça. Je suis moche, mais je n’ai plus personne à séduire. Je n’ai plus de dents, pas de problème, voilà mon dentier. Je n’entends rien, ça m’évitera d’écouter les bêtises de ma voisine de table et ça me fera pardonner de ne pas lui répondre. Toutes les excuses sont bonnes pour se donner une raison de continuer. »

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SWAP SO BRITISH !!

La publivore, retardataire, s’est inscrite le mois dernier au swap « so British », organisé par Evy, sur Livraddict, et c’est par ici que ça se passe :

Tandis que je préparais avec frénésie mon colis pour Sabrina, qui l’a bien reçu (vous trouverez ce que je lui avais préparé par là), j’attendais avec impatience de recevoir ce que m’avait concocté Marie, alias Loesha. (Je vous invite au passage à vous rendre sur son sympathique blog en cliquant ici.) Eh bien, je n’ai pas été déçue !! Visez un peu.

Oui, oui, LES GRANDS MOYENS s’imposaient : the butcher knife ! Il faut vous figurer qu’en ouvrant le paquet, un drôle d’effluve de bonbon anglais s’en dégageait. So exciting !!!

Amirez un peu le soin apporté par ma swappeuse de choc pour emballer tout cela : du papier de soie sous le papier cadeau, des petits rubans, et tout et tout, s’il-vous-plaît, Mesdames, Messieurs, sous vos yeux ébahis :

Non mais franchement, heureusement que je suis une vilaine curieuse, bien que béate devant ces jolis emballages, j’ai fait un massacre pour découvrir mon butin, sans ouvrir au préalable la jolie carte anglaise (avec des clématites, mes plantes grimpantes préférées en plus !!), qui précisait sur son enveloppe « spoiler » – à n’ouvrir qu’après déballage. Admirez-moi ça :

OH MY GOD !!! Yes, my dream came true 🙂

Deux savons, un sous forme de gelée, l’autre sous forme de bonbon, de la marque « Lush ». D’un irrésistible humour anglais, avec des couleurs et des odeurs incomparables !! Je ne connaissais pas, mais franchement, c’est extra.

Des cookies bien chocolatés à souhait (qui ne sont pas arrivés sous forme de muesli, comme le redoutait ma chère expéditrice – le facteur a été précautionneux !). Ils sont délicieux, foi de chocovore (bas les pattes Monsieur le publivore).

Du thé « Blue of London ». Un sensationnel Earl Grey, grâce auquel mes papilles se réjouissent de la bergamote. Je l’ai testé ce matin, quel délice !! En plus, l’Earl Grey is my favorite tea, my dear !

– Non pas un, non pas deux, mais TROIS carnets « so british ». Monsieur le publivore louche sur l’un d’entre eux, il va falloir que je défende mon bifteak ! Ils sont hyper jolis et bien pratiques. I love them !

Un marque-page pile dans le ton, au top :

– Et, « last but not least » : THREE BOOKS !! 🙂

D’abord : La ferme des animaux, d’Orwell, qui figurait dans ma wish list et que (shame on me) je n’ai toujours pas lu – mais je compte bien rattraper cette dramatique lacune !!

Ensuite, Le bâtard récalcitrant, d’un auteur que je ne connais pas du tout, Tom Sharpe, qui, d’après ce que m’indique Loesha, est très drôle à lire ; dans la mesure où j’adore me poiler, voilà une découverte qui tombe à pic !!

Et enfin, Avis de tempête de Susan Fletcher. Ma swappeuse me fait là HYPER plaisir : j’avais eu un coup de coeur pour cette romancière grâce à son livre Un bûcher sous la neige (mon billet se trouve ICI) et je trépignais de dévorer celui-ci.

ALORS : MILLE FOIS MERCI à Marie, Miss Loesha qui m’a franchement pourrie-gâtée. Je vous assure que je ne cesse de caresser mes suprises, de les admirer, de glousser comme une oie en les regardant. Monsieur le publivore, jaloux, m’a demandé de bien vouloir « cesser de sautiller comme un gamine, t’es grave quand même » !! Héhé ! Thanks aussi à Evyallez donc vous balader chez elle ! – qui m’a accepté dans ce fructueux swap malgré mon retard mon m’inscrire, je suis AUX ANGES !!

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Coupures irlandaises, une BD par Kris et Vincent Bailly, Futuropolis 2008, 80 pages, 2008

Présentation de l’éditeur :

À l’occasion d’un voyage linguistique à Belfast, deux jeunes bretons, Nicolas et Chris, découvrent la dure réalité du conflit Nord Irlandais.
Le voyage est long pour les apprentis polyglottes et l’arrivée en Ulster les surprend. Pluie, grisaille, douaniers nerveux, pluie, militaires, barrages, pluie…
Autre déconvenue : nos deux amis n’habiteront pas sous le même toit, Nicolas restera dans une famille ouvrière catholique alors que Chris doit se rendre chez une famille protestante nettement plus aisée.
Chris se sent peu d’affinités avec eux. Trop gentils pour être honnêtes.
Mais pour les deux jeunes gens, la découverte de l’Irlande passera également par la découverte des filles…

Un dossier de 16 pages complète ce récit avec la participation d’historiens spécialistes de l’Irlande du nord, mais aussi de différents acteurs du récit et du conflit.

Ce que la publivore en a pensé :

Après avoir découvert avec délectation l’adaptation du roman de Joseph Joffo, Un sac de bille (chroniqué ICI) par les mêmes dessinateur et scénariste, j’ai été très tentée par cette BD historique, publiée antérieurement.

L’histoire est moins niaise qu’il n’y paraît dans la la description de l’éditeur : on pourrait se dire : « mouaif, un voyage linguistique d’ados, avec des anecdotes du type « à nous les petites anglaises », au temps pour moi, mais merci-non merci …  »

Car au final, cette BD inspirée de l’expérience de Kris, qui a véritablement fait ce voyage dans sa jeunesse, est globalement une bonne surprise pour le lecteur.

J’ai bien entendu retrouvé le même trait, la même palette, tout à fait réussie, de Vincent Bailly. Les planches, travaillées, révèlent aussi bien l’ambiance bretonne qu’irlandaise. Les moyens de transports – les bus, les trains (quelle expédition pour se rendre en Irlande à l’époque !!) – sont aussi bien détaillés que dans l’autre titre  récemment découvert.

Les regards m’ont semblé aussi plus que réels : j’ai ressenti  l’amour, la hargne, le peur en observant les personnages. C’est fou ce que le dessinateur peut communiquer en termes d’émotions, de mouvements et de ressenti au travers de ses couleurs, ses ombres, ses lumières. Bref, un beau travail.

Ensuite, le scénario qui se déroule au départ dans une ambiance de franche camaraderie va laisser place, petit à petit, à la découverte du conflit qui sème la terreur en Irlande du Nord à cette époque. Les ados vont peu à peu perdre leur insouciance et réaliser avec stupéfaction ce que représente cette situation de guerre civile, la difficile réalité vécue par chaque camp.  L’angoisse va crescendo, la tension monte jusqu’à …. je n’en dis pas plus !! L’histoire est franchement bien menée, et ne peut laisser indifférent. Finalement, c’est aussi sa simplicité qui percute ; pas besoin de fioritures pour marquer le lecteur ; accessible,  ce voyage initiatique peut être lu par le plus grand nombre.

En revanche, cela se complique dans le dossier des 16 dernières pages. Trop long ? Un parti pris trop évident ? Des textes finalement pas toujours clairs ? Bien que l’idée soit très bonne pour éviter de laisser le lecteur dans le flou total concernant cette guerre civile, il y a quelque chose qui m’a gênée dans ces dernières pages que j’aurais pu considérer pourtant comme un vrai plus.

Hormis ce bémol, je recommande la lecture de cette BD historique, somme toute intelligente et bien menée.

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Le palais de mémoire, Elise Fontenaille, Editions Calmann-Lévy, 2011, 161 pages

4ème de couv’ :

Depuis que je suis revenu dans la fumerie, j’ai cessé de souffrir, je vis reclus dans mon palais de mémoire. Les yeux clos, l’embout brûlant entre les lèvres, je vois Jade tel qu’il m’apparut en ce jour lointain, à la grande chasse d’automne, son faucon sur un bras…

Dans les limbes d’une fumerie d’opium, le jésuite Artus de Leys, déserté par la foi, déchiré par l’amour, hésite entre le réconfort de l’oubli et la douleur du souvenir. L’homme qu’il aime n’existe plus que dans son esprit, et pour l’y faire revivre sans cesse, Artus bâtit un édifice imaginaire hérité d’un art antique : un palais de mémoire.

Au fil des « pièces » qu’il y ajoute, il se revoit arrivant en Chine pour former les jeunes lettrés de la Cité interdite à l’invitation de l’empereur Kangxi. Il revisite sa vie parisienne, convoque ses amis d’antan. Il chevauche à travers la Mandchourie au côté de Jade, son élève bien-aimé, prince qu’il initie à l’ars memoriae et à la foi chrétienne. Mais Artus ne peut repousser le souvenir du tour funeste que prendra leur passion, sous peine de voir s’effondrer son palais de mémoire…

À travers ce conte tourmenté, exquis, Élise Fontenaille entraîne le lecteur sur des chemins intellectuels, spirituels et sensuels, dans un voyage hypnotique.

Née à Nancy, Elise Fontenaille a été journaliste à Vancouver, puis en France. Elle se consacre aujourd’hui à l’écriture et a publié de nombreux romans, dont Brûlement, L’Aérostat et Les Disparues de Vancouver (Prix Erckmann-Chatrian).

L’avis de la publivore :

Emprunté à la bibliothèque qui venait de recevoir cet ouvrage de la rentrée littéraire, il m’apparaît difficile de le faire entrer dans une « catégorie ». Roman ? Voyage initiatique ? Prose ? Un savant mélange de tout cela, organisé dans des chapitres courts, agrémentés de citations de poètes chinois – de nombreuses références à Li Po et aux pensées de Confucius jalonnent le texte-, de correspondances avec la lointaine Europe, et d’explications du fonctionnement de la mémoire.

Le narrateur, jésuite vivant en Chine, qui fréquente les princes de la Cité interdite, enseigne ce qu’est l’art curieux de la mémoire. Dans l’ambiance si particulière de « La maison des lettrés », des jardins impériaux, des fumeries d’opium, des chevauchées à travers la Mandchourie, et de ses rencontres, il tente  par ailleurs de convertir à la foi chrétienne ses interlocuteurs, qui pratiquent alors un christianisme doublé de croyances populaires locales.

Il faut souligner qu’à travers ce texte, l’auteur nous fait partager le fruit de ce qui a du être un long travail de recherche : le mode de vie local, l’époque, les coutumes traditionnelles sont particulièrement bien dépeintes ; la plume, d’un raffinement rare, participe à la réussite de ce roman, teinté d’une certaine gravité.

Car en effet, si j’évoque des passages poétiques, attention, d’autres s’avèrent particulièrement violents : des scènes de prostitution à peine voilées, de suplices et de tortures, ou encore de coutumes culinaires cruelles, ponctuent cet ouvrage.  

En bref : un roman étonnant, que j’ai apprécié et lu très rapidemment. Je le conseille – mais âmes sensibles s’abstenir.

Citations glanées ça et là :

 

« On dit que vous fabriquez vos longues-vues avec les yeux des enfants que vous ramassez dans les rues… Est-ce vrai ? »
J’éclatai de rire.
« Certes, nous ramassons des orphelins dans les rues, mais c’est pour les baptiser, pas pour leur arracher les yeux ! Vous ne croyez pas à ces sornettes, prince … »
Il fronça les sourcils, deux ailes d’oiseau déployées.
« Ces nourrissons sont voués à la mort, à quoi bon leur laver le front ?
– En les baptisant, nous leur offrons la vie éternelle. »
A son tour, il rit.
« Vous ne croyez pas à ces sornettes … »
 
*** 
 

Ainsi vont les nouvelles entre l’Europe et Cathay : d’un bord à l’autre du Styx. Quand on écrit à un ami, on ne sait jamais s’il est toujours vivant. Les lettres que l’on reçoit font parfois entendre la voix d’un mort qui ignore qu’il n’est plus.
 
***
 
 Je tremble à l’idée de devenir semblable à ces moines taoïstes, qui, à force de mener une vie d’ascète, prolongent presque indéfiniment leur survie.

 

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Rachel Ray, de Anthony Trollope, Littératures Autrement, 428 pages, réédition 2011 du titre paru en 1863


Synopsis de l’éditeur :Rachel Ray, jeune femme de vingt ans, vit avec sa mère, Mrs Ray, et sa sœur aînée, Dorothea Prime, dans un petit cottage près de Baslehurst, au cœur de la campagne anglaise. Mrs Ray et Mrs Prime sont veuves, mais si la première est tendre, impulsive et influençable, la seconde est âpre, prude et autoritaire… Lors d’une promenade avec les jeunes Tappitt, filles du brasseur, Rachel fait la connaissance de Luke Rowan, petit-neveu de la vieille Mrs Bungall, qui lui a légué une part de la brasserie Bungall & Tappitt. Par des indiscrétions, Mrs Ray et Mrs Prime apprennent que Rachel a été vue discutant – pourtant bien innocemment – avec Luke, et l’imaginent déjà en perdition. « Se pouvait-il (se demande Mrs Prime) que sa sœur fût aussi dévoyée ? » Pire, une invitation parvient à Rachel, pour un petit bal chez les Tappitt en présence de la bonne société locale. Désemparée, Mrs Ray va demander conseil à Mr Comfort, vieux prêtre qui prêche souvent le renoncement au monde… mais sans négliger le moment venu ses intérêts et ceux de ses ouailles. A la grande surprise de Mrs Ray, embarrassée, il conseille d’autoriser Rachel à aller au bal et, mieux, propose de la faire accompagner par l’une des dames éminentes du comté. Après tout, si Luke Rowan n’est pour l’instant que commis à la brasserie, ne doit-il pas devenir l’associé de Mr Tappitt ? Ce dernier prise peu les innovations du jeune homme, mais sa femme aimerait l’avoir pour gendre, afin que la brasserie ne change pas de mains. Conflits d’intérêt, pruderie, préséances sociales… Une série d’obstacles se dresse sur le chemin de l’amour entre Rachel et Luke. Les plus à redouter viennent des bigots, dont les parfaits représentants sont la froide Mrs Prime et son directeur de conscience, le révérend Prong, croqués avec une acidité non dénuée de tendresse.
L’avis de la publivore :

De passage à la bibliothèque municipale pour mon comité de lecture, je jette un œil sur la table des dernières acquisitions. Tiens tiens, au auteur anglais victorien, dont je n’ai rien lu … Allez hop, emprunté !

Qu’en penser au final ? Beaucoup d’ingrédients de la littérature victorienne : amours contrariés, jeune fille effarouchée, amitiés jalouses, grenouilles de bénitier puritaines et peu aimantes de leur prochain, respect des conventions sociales, et des « castes ». Une jeune fille se « donne » à son potentiel époux, évite d’être croisée sans chaperon avec son  fiancé au risque d’être considérée comme une fille de mauvais genre par les « moralisateurs »…

Alors, il est certain que pour s’attaquer à ce type de roman, mieux vaut être prévenu, au risque de considérer l’ouvrage comme daté, voire rasoir. Les descriptions de la place de la femme dans la société de l’époque sont pour le moins déconcertantes pour les non-initiés :

– Elle ne se dessaisira jamais de son argent, dit un jour Rachel, et lui, ne prendra la femme qu’avec l’argent. […]
– Il dit, continua la jeune veuve, qu’il ne désire rien pour lui-même, mais il ne convient pas qu’une femme mariée ait sa fortune à elle.
– Je crois qu’il a raison, dit Mrs Ray.
– Je suis convaincue qu’il dit vrai pour ce qui concerne lui-même. Il ne veut pas mon argent pour l’argent même, mais il prétend m’en dicter l’usage.
– C’est son droit s’il doit être votre mari, dit Mrs Ray.

Bien que j’ai terminé ce roman, je dois avouer l’avoir trouvé bien en dessous du niveau d’autres auteurs anglais de la même période : beaucoup moins fin, moins drôle aussi, et moins rythmé. Pour une lectrice habituée au genre victorien, franchement, j’ai lu mieux. Je suis toutefois ravie d’avoir découvert cet auteur, qui aurait, semble t-il écrit de meilleurs romans. Affaire à suivre, donc !

 

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G229, Jean-Philippe Blondel, éditions Buchet Chastel, 2011, 240 pages.

Ce qu’en dit l’éditeur : « C’est bizarre, des fois, comme c’est. On croirait pas quand on arrive qu’on va rester si longtemps. Et puis le temps passe et voilà. » : c’est le constat que dresse la concierge du lycée où « monsieur Blondel » œuvre depuis tant de temps. Non seulement il est resté vingt ans dans le même lycée, mais dans la même salle aussi, la « G229 », qui lui a été attribuée de manière permanente, tandis que les autres profs changent de salle à chaque cours. Alors on s’attache à cette salle de classe où les tables sont disposées en U, comme dans un banquet, pour faciliter la communication, établir une certaine convivialité… Loin des discours catastrophiques sur l’école et l’enseignement, Jean-Philippe Blondel brosse un très joli portrait de son métier.
Le lecteur retrouvera les thèmes chers à l’auteur : les rapports entre générations, le fait que nous partageons tous un domaine commun, que nous tissons des liens – que nous le voulions ou pas. Education, enseignement, temps qui passe, relations entre profs, élèves, parents d’élèves, Jean-Philippe Blondel parle de son métier avec passion et sensibilité. L’enseignement nourrit la littérature, et la littérature nourrit l’enseignement. Dans les deux cas, on est dans la vie. C’est le message quasi militant et optimiste que l’auteur du Baby-sitter transmet à ceux qui doutent de l’école d’aujourd’hui.

Ce qu’en dit la publivore :

Pour commencer : mais quel vilain titre !!!!

J’avais lu beaucoup (trop ?) de critiques positives de ce livre. A la fin de cette lecture, je me suis dit « tout ça pour ça ?? ». Alors je ne sais pas  si ma déception est liée aux attentes que je nourrissais pour ce bouquin qui a été très bien reçu par la critique, ou si je n’ai tout simplement pas accroché.  N’exagérons pas : j’ai tout de même terminé ce livre sans être fâchée avec son auteur. En revanche, cela n’a pas été DU TOUT la révélation de l’année, voilà tout. J’ai trouvé cela un brin « gentillet ». Ou plus exactement : plat. Pas de révolte, d’espoir, ou de piquant dans ce texte ; et cela m’a cruellement manqué. Comme si les années passées à enseigner avaient affadies l’auteur …

Rien de décapant ; au contraire, de la nostalgie « par anticipation » (au secours), des bons sentiments, des interros en veux-tu en voilà, le voyage de classe, les générations qui passent… Bref, rien de très excitant. Je pensais franchement que cette lecture serait plus fascinante que cela. Ou du moins, plus amusante.

En conclusion : une déception. Par ailleurs, l’écriture ne m’a pas semblé épatante ; la trame pas plus.

Ce livre ne me laissera pas beaucoup de trace.

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Eloge de la faiblesse, Alexandre Jollien, Marabout 2001, 95 pages

Ce qu’en dit l’éditeur :

Eloge de la faiblesse retrace un itinéraire intérieur, une sorte de conversion à la philosophie. L’auteur, handicapé de naissance, imagine recevoir la visite de Socrate en personne. Dès lors, s’en suit un échange où de proche en proche émergent des outils pour apprendre à progresser dans la joie, garder le cap au cœur des tourments et ne pas se laisser déterminer par le regard de l’autre. La philosophie est ici un art de vivre, un moyen d’abandonner les préjugés pour partir à la découverte de soi et bâtir sa singularité. Peu à peu, une conversion s’opère, le faible, la vulnérabilité, l’épreuve peuvent devenir des lieux fertiles de liberté et de joie.

Ce qu’en pense la publivore :

D’abord : quel joli titre !!! Et je ne suis pas la seule à le dire, il s’agit d’une remarque que ceux qui ont aperçu ce livre entre mes mains ou dépassant de mon sac m’ont faite à plusieurs reprises.

Et aussi : la publivore se met à lire des bouquins de philo ??? Eh oui, pourquoi pas ?! Mais attention, ce court ouvrage est parfaitement accessible. Le lecteur pourrait se dire : « ouh lala, un discours socratique, quelle horrreur ! ». N’ayez pas peur. Si la préface est certes pondue par un professeur de philo et recèle quelques passages hautement intellectuels, le contenu de l’écrit de l’auteur reste facile à lire.

Alexandre Jollien a réussi à rendre l’abord de la philosophie aisée, tout en s’attaquant à des thèmes très classiques : la normalité, le beau, la force d’un individu face à un groupe, l’amitié, la (bonne) conscience, la culpabilité …

Sensibilisée à la différence d’autrui -par mon intérêt pour les personnes âgées (qui, au bout du compte, souffrent elles aussi souvent d’un handicap) – je n’ai pu m’empêcher de gribouiller des notes dans les marges de cet ouvrage.

Ce témoignage s’avère particulièrement touchant, et pousse le lecteur à s’interroger. Sortir de la passivité habituelle de la lecture m’a fait le plus grand bien. Tantôt émaillé d’amers constats, tantôt teinté d’humour, ce texte vaut le détour.

Par ailleurs, l’auteur relate des anecdotes révélatrices de comportements que nombre d’entre-nous ne peut s’empêcher d’adopter face à l’ « anormalité ». Lisez plutôt : « Je me rappelle toujours de cet esprit rebelle à qui j’adressai ma salutation habituelle : « Sois sage ». Un jour, il me répondit à brûle-pourpoint : « Et toi, marche droit! » Cela me procura un plaisir extrême. Il m’estimait pour moi-même et n’avait pas pris les pincettes que prennent ceux qui me sourient béatement […] Il y a des sourires qui blessent, des compliments qui tuent. »

Aussi, j’ai remarqué la force que l’auteur tire de son expérience. Visez un peu cette citation qui mérite d’être reproduite : « Je dis simplement qu’il faut tout mettre en œuvre pour parvenir à tirer profit, même de la situation la plus destructrice. J’insiste sur les épreuves parce que celles-ci restent inévitables. Rien ne sert de discourir, d’épiloguer des heures durant sur la souffrance. Il faut trouver des moyens pour l’éliminer et, si on ne le peut pas, l’accepter, lui donner sens. » 

Enfin, lire les rencontres positives qu’Alexandre Jollien  a pu expérimenter au cours de sa vie, avec les cancres, avec un prêtre, ou avec les femmes, m’a tout particulièrement interpellée et amusée.

N’hésitez donc pas à prendre le temps de lire ce court ouvrage ou à l’offrir (il ne coûte pas cher en plus : moins de 4 €). Tous mes remerciements à Livraddict et aux éditions Marabout pour ce partenariat qui m’a permis de me replonger un peu dans la philo, tant appréciée au lycée !

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La conjuration de Cluny, une BD signée par Alcante (scénario) et Luca Malisan (dessin), Glénat, 56 pages, 2010

L’avis de l’éditeur :

XIIIe siècle. L’abbaye de Cluny est un centre religieux, culturel et scientifique de premier plan qui rayonne à travers toute la Chrétienté. L’abbé Guillaume y accueille son ami d’enfance, le chevalier Godefroid, de retour des croisades après plus de dix ans d’absence. Mais la joie des retrouvailles est de courte durée : des événements dramatiques et mystérieux se succèdent à l’abbaye. Est-ce la main de Dieu, celle du Diable… ou celle de l’homme qui frappe ainsi ? Guillaume charge Godefroid de l’enquête ! Elle va le mener jusqu’à l’entourage du Pape et révéler un complot qui pourrait bouleverser le cours de l’Histoire !

La conjuration de Cluny est un thriller médiéval dans la lignée du Nom de la Rose. Il s’agit du premier tome d’une collection éditée en partenariat avec les Éditions du Patrimoine et le Centre des Monuments Nationaux.

Ce qu’en pense la publivore :

Motivée dans la découverte de davantage de BD après avoir lu une merveille du scénariste féru d’histoire Kris, lequel a adapté avec brio le monument Un sac de bille (une  BD chroniquée ICI), je me suis lancée dans cette nouvelle lecture, prétextant de vouloir « faire lire » Monsieur le publivore, perplexe de me voir multiplier les BD, un genre dont je ne raffole habituellement pas)

Recommandé par ma bibliothèque municipale, avec une histoire plantée en plein Moyen-Âge – ma période préférée- je me suis dit que cette bande dessinée allait me plaire, d’autant que j’en avais lu des critiques tout à fait positives.

Une fois l’ouvrage refermé, mon avis s’avère finalement … mitigé. Je m’explique.

Certes, il est indéniable que le talent du dessinateur Malisan offre au lecteur de magnifiques perspectives de l’abbaye de Cluny, des personnages au visages très expressifs, des scènes sanglantes épatantes, ou encore des chauves-souris plus vraies que nature.

En revanche, l’histoire en elle-même ne m’a malheureusement pas convaincue : un poil trop de bonnes intentions la saupoudrent, notamment lors de l’épilogue – mais je n’en dis pas plus pour les curieux !

Monsieur le publivore, lui, en dit ceci : « Mouaif, ça partait bien, mais sans plus. C’est peut-être trop court, l’histoire n’est pas creusée ».

Madame la publivore partage son avis.

Donc : du bien, du moins bien. Ce n’est pas foncièrement mauvais, mais je ne suis pas tombée en pâmoison devant cette BD. Voilà, alors à vous de vous faire votre propre opinion  !

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