La femme sauvage, Michel Gardère, Presses de la Cité, 264 pages


Synopsis de l’éditeur : En 1807, dans les Pyrénées ariégeoises, deux chasseurs aperçoivent et traquent une femme nue, accompagnée d’un ourson. Capturée, hurlant comme une démente ? on l’appellera désormais la Folle du Montcalm ?, elle est conduite chez le curé du village. L’inconnue ne prononce que ces mots : « Robespierre a tué ma famille », et s’échappe dans la nuit. Elle passera encore deux années dans la montagne avant d’être reprise et jetée en prison, à Foix. Pour y mourir peu après.
Qui était cette femme ? Comment a-t-elle pu survivre ? Est-elle vraiment morte en prison comme on l’a dit ? Pourquoi le redoutable Fouché, ministre de la Police de Napoléon, s’intéressa-t-il tant à elle ? Et pour quelles curieuses raisons le préfet de l’Ariège tenta de la sauver ?
C’est cette incroyable mais authentique histoire qu’a reconstituée Michel Gardère, secondé par Anne-Charlotte Delangle. Palpitant comme un polar et admirablement documenté, La Femme sauvage nous raconte une extraordinaire aventure humaine.

Mon avis : Ce livre, reçu dans le cadre d’un partenariat avec les éditions Presses de la Cité et Livraddict(que je remercie vivement), m’a beaucoup surprise.

D’abord par le genre : ni vraiment polar (contrairement à ce qui est indiqué sur la 4ème de couv’), ni roman historique, ni essai,  ni témoignage, il est « inclassable », car il mélange un petit peu de tout cela. Moi qui pensais ouvrir un roman historique à suspense (genre que j’affectionne particulièrement), j’ai été … déçue. En fait, il s’agit avant tout d’une enquête sur ce qui pourrait passer pour une légende, mais s’avère être une incroyable mais pourtant vraie histoire. La matière pour me plaire était donc tout de même là : le récit d’une vie sidérante, il y a longtemps, dans nos campagnes.

Ensuite, par les choix stylistiques de l’auteur : bien que Michel Gardère nous ait indiqué lors d’un sympathique échange sur le site de Livraddict, que vous trouverez ici), que « la provoc’, c’est [son] métier » j’ai souvent eu une désagréable sensation de « too much », si vous voyez ce que je veux dire.

Non seulement dans son vocabulaire, mais aussi dans certains morceaux entiers dont je me serais bien passée. Je comprends très bien que le journaliste établisse et relate l’ensemble des conditions de vie de cette femme vivant seule, nue, au milieu de la nature,  avec des ours, pour mieux comprendre son mode de survie, mais franchement, était-t-il nécessaire d’insister lourdement sur sur les menstruations de cette femme ? Je cite quelques menus extraits de la page 135, de sorte que vous puissiez comprendre mon agacement : « Mère adoptive ou pas, la femme sauvage, comme son nom l’indique, est du genre femelle. […]  Donc réglée […] Quoi qu’il en soit et quelle que soit la périodicité, n’en déplaise aux bégueules, ça sanguinole sévère. Et ça sent. […] Bref, ça attire l’animal. Quel qu’il soit. Le chien du maître de maison chez qui la femme en période est invitée, le bouc dans la montagne qui culbute allègrement belle-maman, le toro al campo qui course tout ce qui bouge du moment que ça renifle un peu, le bonobo du zoo qui s’astique comme un malade si une maman a eu la bonne idée de ne pas masquer ses phéromones ». Et attendez de lire la suite, comme si le lecteur n’avait pas compris le message, il y a pire :  » Tout le monde a vu, gêné jusqu’au bout de la rigolade, la caniche à sa mémère, dont le maître ne sait plus où se mettre ni quoi faire, bourriquer comme un sauvage la gambette de la pauvre femme qui, malgré son parfum Christian Dior, expédie de puissants fumets vers ce toutou qui ne se contrôle plus et secoue sa zigounette avec autant de frénésie qu’un danseur de flamenco agite ses castagnettes et son popotin ». Bref, je m’arrête là…. Les gens qui me connaissent pourront vous assurer que je ne suis absolument pas quelqu’un de prude ou de « bégueule », comme le suggère l’auteur, mais là, je dois reconnaître qu’à mon sens,  Michel Gardère en a fait BEAUCOUP trop sur ce passage dont je n’ai cité que quelques extraits. Je sais bien que « c’est la nature », mais franchement, combien de femmes ont apprécié de lire ces lignes ?

En revanche, je dois bien reconnaître que malgré l’aspect un petit peu trop grivois du style à mon goût, j’ai appris non seulement pas mal de vocabulaire (mon dico était ravi d’être de sortie) – à votre avis, qu’est-ce qu’une « anachorète », par exemple ? – mais aussi l’origine de diverses expressions. Je suis très cliente de ces notes de bas de pages qui font découvrir au lecteur, entre autres, d’où proviennent les expressions « prendre la poudre d’escampette », « se casser la pipe », ou encore « avoir les dents du bonheur », toutes issues d’un contexte historique fascinant.

Au final : bilan très mitigé. Des points positifs pour l’exhumation d’une histoire vraiment étonnante dont j’ignorais l’existence, les recherches accomplies, et le travail d’enquêteur, ainsi que les références historiques et la découverte du sens de certaines expressions. Des points négatifs pour le genre, pour le vocabulaire, et la narration, laquelle ne m’a vraiment pas captivée, désolée !

En tous cas, j’adresse un grand merci pour ce partenariat doublé d’une agréable rencontre « virtuelle » avec l’auteur  à :

et   

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